Romain Gary, un écrivain visionnaire

Je voulais partager avec vous en ce début d'année l'une de mes lectures récentes : Les racines du ciel, publié en 1956, pour lequel Romain Gary reçoit son premier Prix Goncours.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale et des atrocités de la Shoah, le monde est bouleversé. Au Tchad, Morel, un français, a décidé de sauver les éléphants. « Est-ce que nous ne sommes plus capables de respecter la nature, la liberté vivante, sans aucun rendement, sans utilité, sans autre objet que de se laisser entrevoir de temps en temps. La liberté elle-même serait alors anachronique. (...) Il est temps de nous rassurer sur nous-mêmes en montrant que nous sommes capables de préserver cette liberté géante.».

Avec un espoir sans limite, rescapé des camps nazis, Morel se bat pour protéger la nature! Jugé fou, misanthrope, dangereux ou instrumentalisé dans un contexte de décolonisation, seuls quelques personnages aux portraits contrastés, réunis au Tchad après des vies blessées, le soutiennent, chacun pour ses raisons. Une femme Minna (dont le prénom rappelle celui de sa mère) m'a en particulier touchée. Survivante de Berlin, violée, prostituée, elle tisse une relation avec Morel qui lui rend toute sa dignité...

Ce livre, malgré ses quelques longueurs et répétitions, m'a grandement nourrie et inspirée!

Donner à la biodiversité, sous toutes ses formes, une "valeur d’existence » comme le disent les économistes de l’environnement ! Et puiser dans le ciel nos racines pour un souffle nouveau … Et traverser nos doutes, cette période de chaos, avec espoir, tels des Morel multipliés! N’est-ce pas écrit pour ce que nous vivons aujourd'hui ? Nous n’avons plus le choix, dressons nous pour défendre le vivant, et trouvons dans nos racines l'amour, la force et l'espoir pour y parvenir et pouvoir à notre tour transmettre…