La radicalité et nous...
Après plusieurs mois de silence, c'est avec grand plaisir que je reviens sur mon blog partager avec vous mes lectures... Voici donc l'un des derniers essais de Tobie Nathan que j'ai beaucoup aimé. Professeur émérite de psychologie à Paris VIII, il est reconnu pour son travail en ethnopsychiatrie, approche qui prend en compte le contexte culturel et les croyances des personnes accompagnées. Tonie Nathan témoigne ici de son expérience de 3 ans d'accueil de jeunes en danger de radicalisation. Il partage ses questionnements sur ces "métamorphoses" inattendues, ces jeunes que rien ne semble prédestiner au djihadisme. Et pourtant... Tobie Nathan dit le manque de transmission de l'histoire, de générations en générations, qui coupe littéralement le jeune de sa famille, le met en "errance". Il dit aussi le besoin de marquer les "passages" par des rites, comme cela se fait encore dans certains pays. Jamais il ne les mésestime, bien au contraire : "Toujours prendre le parti de l'intelligence de l'autre, de ses forces, de ses ressources, jamais de ses manques, de ses failles, de ses désordres."Il dit aussi combien cette radicalité entre en échos avec celle de tous ceux qui ont subi des événements politiques... à commencer par lui, le Juif égyptien arrivé en France à la fin des années 50. "Fabriqués par des événements politiques, les enfants de migrants sont avant tout des êtres politiques. C'est pour cette raison qu'ils y sont particulièrement sensibles."Il ose se reconnaître dans cette radicalité, dans cet espoir de faire la révolution... "Cette génération, à l'âge où l'on initiait autrefois les jeunes gens, veut signifier à celles qui l'ont précédée qu'elles ne sont plus en phase avec le monde tel qu'il va, et va puiser là où l'opposition lui semble sans compromis. La voici donc non humaniste, non républicaine, non pacifiste, s'alignant sur cette idéologie totale qui la captive." Entre radicalisation de l'Islam et Islamisation de la radicalité, Tobie Nathan choisit clairement la 2è option. Il s'expose dans ce livre : y a de lui en eux, il y a d'eux en lui, et en cela, il y a de nous en eux. Oser le reconnaître c'est sûrement faire un pas, réduire cet immense fossé de violence qui nous sépare...