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1,8M de français prisonniers de guerre, trou de mémoire collective...


Je viens de lire la BD de Jacques Tardi (2014) sur son père, René Tardi, prisonnier de guerre au StalagIIB en Moravie de 40 à 45. Quel choc! Une fois encore, Tardi met son talent au service de la Mémoire collective et de sa rencontre avec la mémoire individuelle, la "petite histoire"...

Depuis toujours, son père ressassait ces "vieilles histoires". Un jour, dans les années 80, Tardi lui demande de transcrire ce vécu dans de petits carnets. Il aura fallu encore 30 ans et la mort de son père pour que Tardi parvienne à illustrer ce récit. Et il s'y engage! Il se représente lui-même en fils qui interpelle son père, l'alerte, le critique aussi... Car, selon Télérama, " lui non plus n'a pu se défaire de cette mémoire, et longtemps après, il s'y est de nouveau confronté pour en tirer ce formidable témoignage, restituant à vif l'expérience du père aujourd'hui disparu, recréant, dans les décors d'une situation historique sans espoir, le paysage mental d'« un homme meurtri, aigri, coléreux, honteux... Un vaincu, un perdant, revenu de tout... ».

Cette honte marque encore nos histoires familiales. La honte de n'avoir pas pu combattre, la honte face aux vainqueurs, la honte dans les regards de leurs pères qui, eux, s'étaient battus en 14-18, la honte devant les Alliés sauveurs, la honte de leurs corps devant les femmes au retour, etc. Cette honte a pu conduire ces hommes à devenir des pères défaillants, des pères violents, des pères murés dans leur silence... Cette honte est aussi collective et nous a conduit à "oublier" cette partie de notre Histoire. Tardi nous permet par ses illustrations de retrouver une partie de notre mémoire individuelle et/ou collective, de toucher le vécu émotionnel d'alors, et, au moins en partie, de réhabiliter ces hommes. Merci à toi Tardi.

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